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Tu sais que j’ai tremblé, comme tu as tremblé. Et je
sais que tu as ri comme j’ai ri. Nos larmes se sont mêlées à nos rires et nos
rires à nos larmes. Nos peaux à nos désirs et nos désirs à cette lumière qui
nous enveloppait, nous dispersait, nous rattrapait et nous réunissait encore.
Dans ce temps volé au temps, cet espace créé pour nous par le monde qui se
retire, je t’ai trouvée. Je t’ai trouvée nageant à mes côtés dans cet océan
vivant. Tout scintillait dans ces eaux limpides qui nous accueillaient. Et tu
m’accueillais. En toi. Je respirais le battement de ton cœur, je voyais la
douceur de ta peau, je m’abreuvais de ton souffle et dansait au rythme de tes
râles. En toi. La lumière éclatait révélant un intérieur à la lumière. La lumière
inventait la couleur et la changeait. En toi. Nous étions un. Nous étions
l’envol et le plaisir. En toi. J’étais pris par la joie et la panique.
« Ne jamais revenir. Jamais. Ne jamais revenir de nulle part et vers
nulle part. » Nous étions l’orgasme infini. Nous étions la porte de
l’univers.
Je
sais que tu as vibré quand j’ai vibré. Et tu sais que j’ai joui quand tu as
joui. Mon corps s’est mêlé à ton corps et nos corps à l’essence de cet univers
qui nous a réunis. Nous devenons cet animal divin, qui traverse le vide d’un
bond et qui ne connais aucune séparation. Tes yeux dans mes yeux dans tes yeux,
je vois enfin. Je vois ce monde ouvert et indestructible. Je vois notre monde.
Notre temps étalé espace. Je vois mon avenir et le tien. Je vois ton passé et
le mien. Je vois toutes nos rencontres et toutes nos séparations. Cette
mélancolie n’est que de la joie, déguisée. Ces larmes ne sont que nos rires,
liquéfiés. Ton sexe enveloppe mon sexe, encore plus près. Ma peau embrasse ta
peau déployée. Je tremble comme je te sens trembler. Nous revoilà unis,
indifférenciés. Pour un instant habillé d'éternité. La seule prière.
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