vendredi 25 février 2011

La doctrine des poisons: Première époque

Un recueil d'une certaine époque
Entre rêve et exploration
de la violence et des tiraillements
évidemment


http://ladoctrinedespoisons.blogspot.com/


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jeudi 17 février 2011

Tempête

Et ici, je me nomme tempête.
Je me nomme ravage. Peut-être par complaisance. Je me nomme tempête pour contempler la ligne folle de nos destins. Pour me moquer de mon ombre qui prône l'espoir et promet la victoire. Nous le savions. Nous ne serons jamais sauvés.

Et ici. je me nomme tempête.
Je refuse de contempler le désastre. Je refuse de m'écrouler dans la déchirure. Je passe et me transforme et m'éteins, ivre de mon désir, tributaire de ma fureur.

Je ne suis rien. Rien d'autre qu'un phénomène. Rien que la rencontre des éléments. Je ne suis rien. Je ne pense à rien. Je ne ressens rien. Du moins, je prétends. J'erre et je traverse et je détruis et j'emporte et je déplace et je réinvente et je casse et je dévore et je change et je change et je change.

Je me nomme tempête.
Pour le meilleur et pour le pire. Pour l'inconditionnelle folie. Pour l'espace déchainé. Pour les passions de la nature. Pour le meilleur en nous. Pour nos penchants pour le pire.

Je me nomme tempête.
Et rien ne m'arrêtera, ni murs, ni incantations, jusqu'à ce que mon rêve s'épuise ou que les grands cyclones m'aspirent vers des mondes inconnus.

Et je te nomme tempête.
pour tout l'amour que je te porte
et tous mes rêves de désastre.

Je te nomme tempête
pour m'envoler dans ton sillage
et ne rien laisser derrière mon envol.

Je te nomme tempête
pour errer avec toi de monde en monde
et pour que rien ne nous résiste.

Ici.
Je me nomme tempête.
Apaisé au centre de ma colère, je n'ai pas d'égards pour les idoles. Qu'elles soient d'effort ou de crainte. Je n'ai pas de respect pour les frontières. Qu'elles soient de fer ou de pensée.
Je nais, grandis, explose et m'en vais, emportant dans l'éternité chants et chuchotements, emportant cris et paroles, emportant l'élan de la vie, l'ivresse du temps.

Je ne suis rien. Et je suis l'éclair, le tonnerre et le vent. Je suis la terre quand, vers le ciel, elle s'élève. Je suis le ciel quand, sur la mer, il s'étend. Je suis la nuit quand ton corps se soulève. Je suis l'aube quand, de la lumière, tu rêves.

Je me nomme tempête.
Et je suis sans forme, pour m'écouler dans tes rondeurs. Et je suis sans nom, pour épouser ta grandeur.
Je suis sans espoir, pour embrasser tes limites. Je suis sans mémoire, pour ne pas craindre ta fuite.
Je suis sans croyance, pour n'avoir d'yeux que pour toi. Je suis sans cœur, pour laisser mon amour palpiter en toi.

Je me nomme tempête.
Sans foi ni loi. Je suis insécurité. Et la peur n'est jamais de mon côté.
Pour frôler ton incandescence, je suis prêt. Je suis prêt. 
Je suis prêt à toutes, toutes, toutes les violences.

Et je nous nomme tempête.


..

vendredi 11 février 2011

...et parfois (N° 729, 731, 738, 739)

...et parfois
dans l'angle mort
le point aveugle
le trouble
abandonne la douceur
pour embrasser la panique
je tremble certainement
mais ce n'est pas moi
c'est la tempête
et cet espoir
aux crocs acérés
la morsure.

...et parfois un coeur. Un coeur, juste ça. Un battement régulier et irrégulier. Un sursaut par-ci, par-là, de rêve et d'excitation. Un coeur. Un rythme vivant. Et parfois sang. Sans blessure. Rêveur oxygéné. Le monde certainement. Étendu aux infinis. Flèche par flèche. Arc tendu. Coeur caché, haché, fendu. Un coeur. Juste ça. Parfois. 

Et parfois, un hurlement
un cri pour déchirer le temps
insupportable condition
inacceptables situations
J'ai rêvé de toi
et d'une révolution
l'impossible est impossible
qu'ils disaient
mais. oh! grand mais!
toi, moi et les machines
nous serons tous dépassés
envahis
oubliés
et parfois le soulèvement
la vague folle qui émerge
issue de la nuit du temps
parfois une révolution
une nouvelle grammaire
une nouvelle conjugaison
désir et résolution
la douleur, la mort
et la résurrection.

Et parfois, un envol. Des ailes. Des ailes déployées. Le défi, ingurgité, ravalé. Et enfin. Enfin accepté. Le défi, comme un rêve devenu réalité. Un atout enfin dévoilé. Soi-même. Enfin révélé.
Des ailes. Comme une évidence.

Et parfois, la vibration électrique. La vague sauvage. L'emportement incontrôlable.
et parfois
et parfois incontrôlés
nos désirs enfin dénudés
comme je te rêve
et je continue à rêver
enfin nos corps
parfois unis réunis retrouvés.

L'évidence d'un monde, parfaitement.
L'évidence d'un rêve, certainement.
Le mystère que tu es. Que tu restes. 
Mystère sacré de la rencontre. De la conscience partagée. De toute cette ivresse.
Cette sensibilité.
Parfois le flamboiement. Parfois le dévoilement.
et vibrer
entiers, exister.
Les corps si proches.
Vrais.

Et parfois mon ombre qui se décale, se décolle. Et qui va errer dans les mélodies d'un paysage fou. Et parfois mon ombre me quitte me laissant errer dans des pensées méconnues. Pérégrinations de mon ombre, que je ne croise jamais dans mon errance. Quand la ville m'arrache et m'inocule sa folie, mon ombre, elle, se réfracte dans les espaces et rêve de chaos, d'auteurs obscurs et de révolution. Mon ombre, elle, dans le corps de la pénombre, s'invente des perspectives, des projections. Mon ombre perce les murs, traverse les frontières et t'espionne impunément. Elle s'intègre comme un objet familier dans ton intimité.
Et parfois mon ombre qui revient, ivre et changée. Elle reprend, sans un mot, sa place. Comme si de rien n'était. Mais nous voilà tous les deux irrévocablement métamorphosés. Et avec nous la lumière, la couleur et la vérité.


...