lundi 7 mars 2011

Aho-Maho au Délirium.


Sorcier: vendredi. 1ère partie: Médecine.

Quand vous avez inventé la mort
je volais avec l'adorée
et le ciel était pour nous
tout à la fois
terre et abîme

Quand vous avez inventé la mort
je me désintéressai des batailles
brisai mes armes et noyai mon bouclier
nu je dansai en riant
nu je dansai en pleurant
et nu
je dansai

C'est vendredi
et je ne sais pas qui s'est réveillé en premier
le chat ou moi.
Et nous nous sommes poursuivis
de chambre en chambre
le chat et moi
d'un meuble à l'autre nous sautions
parfois agressifs parfois caressants
nous parlions quelques fois
et parfois nous nous griffions
jusqu'à retenir l'attente
jusqu'à contenir l'appréhension.

Pendant des heures j'affinai mes cris
j'effilai mes traits
pour pouvoir
pour pouvoir les lancer
m'élancer
par-dessus le canal.
Tamagawa et une incantation
une ritournelle vive
un chant pour une ultime résurrection.

Pendant des heures
j'attendis le temps
tout mon être en suspension.

Retenir
Tout retenir
la joie l'attente et la douleur
Tout retenir
l'envol le rêve et la douceur.

Un vendredi
pour l'amour, pour la vie.
D'un vendredi à l'autre
J'erre, calme et attends.
Ici ou là, et un chat.
J'attends. Ton temps.

Je t'ai vue arriver
et je n'ai pas voulu
te regarder partir.

Et de ce moment
de ce temps
je ne voudrais rien dire
je voudrais tout garder
les mots les larmes les sourires.

Tu es entrée dans cette parole
dans ce monde dans ce cœur
comment pourrais-je te laisser sortir?

Je n'ai pas voulu te regarder
partir.

Je suis rentré en titubant
à travers un monde absurde
un trou dans le corps
un cœur en lambeaux
je m'écroulai une fois
et deux fois et cent fois
en moi se relevait la rage
et une impitoyable folie.

Vendredi me vrille.

Obéissant à un appel sauvage je me transforme
Vendredi un cri
la bave aux lèvres
je deviens rien
puis deviens mur
puis deviens chien
la bave aux lèvres
je complote les morsures.

Vendredi s'écroule
et me reconstruit
enfin sans horaire
le soir
vendredi.

Où est mon pantalon
où est mon corps
et le miroir
où le monstre s'éveille
et rit.

Chien et précipice
ce n'est qu'un début
Vendredi-les-prémices.

(Noir ou Rideau. Entracte)

un autre vendredi
ou un tout autre jour


je suis porté
emporté
par une puissance
vive
bienveillante et ancienne

En bonne compagnie
l'Anaconda m'emmène

Aya
comme un chant
qui en toute douceur s'élève.

Au cœur d'une vision
je vois je sais
je suis sien
elle est mienne

Abandonne! Mon guide, mon pilote, mon compagnon me dit: Abandonne!
Je résiste et résiste tellement...
et l'obscurité m'entoure
jusqu'à ce que musique et chant m'arrachent
pour me lancer guéri et fragile
dans la lumière et dans la joie.

Amour enveloppe-moi
protège-moi
emmène-moi
parce que la vision
ne peut exister sans toi.

Aya
et cet univers
complet et infini
enfin
unis joyeux réunis.

(Fin de l'entracte)

Vendredi fragmenté
Vendredi brisé


face à la nuit qui s'avance
face à la promesse de l'obscurité

Vendredi suspendu
vendredi ajourné

Sans ailes
je réponds à l'appel de l'eau
vers le liquide
où toute vie commence
vers l'origine
où tout s'abandonne
où tout est enfin perdu.

Touché par une déesse
je me noie
loin de toute religion
et tout sombre
tout vibre
tout crie
entremêlé à ma passion
et tout change tout change
mais je tourne en rond.

Au moment où je commençais à couler, avec beaucoup de sérieux et une carnassière décision, un ange m'appelle, me retient, me remonte en douceur jusqu'au niveau rassurant d'un zinc dans un café joyeusement empli. Elle m'écoute et me parle, elle s'arrête quand elle pressent mes larmes et me conseille sur le choix des armes. Elle me taquine, se moque et rit et en douceur m'arrache à la douleur pour me rendre aux joies de la nuit.

Vendredi rendu à la vie
vendredi frontière entre le vrai et l'artifice
vendredi le rire
parfois moqueur parfois lugubre du vice.

En haut de la colline, perchée sur les hauteurs, je connais une armurerie, ouverte sur les bords de la nuit. Souvent accueillante. Souvent lumineuse. Souvent emplie. On y voit des habitués, des passagers, et s'y retrouvent des amis. L'ange m'enveloppe de ses sourires, de ses ailes et m'y amène, m'y ramène. L'armurier, tout joyeux, nous accueille dans sa générosité, sa foutue sagesse et sa bonne humeur. Nous buvons calmement et devisons sur les nouvelles guerres et les futures munitions.

Vendredi je fuis
je veux frôler la mort
je veux toucher la vie
Vendredi je te fuis
et ce sentiment de perte qui traque ma nuit.

(Contre-jour ou Lumière, Entracte)

Un autre vendredi
ou une toute autre nuit

Cet œil  qui m'ouvre
sur l'espace
ces lianes qui m'enveloppent
me développent
me soignent et me dansent

J'ai rêvé
j'ai chanté
j'ai su

Rien n'est jamais perdu
rien n'est détruit
Nous n'avons pas été vaincus
et cette guerre est finie

Cette guerre est finie
Je traverse calmement mon visage
et libre je sème dans l'espace vivant
les souvenirs de ton image

Cette guerre est finie
et paisible nous flottons
pour un temps pour un moment
au-dessus des eaux limpides
paisibles nous rêvons
et inventons patiemment
des îles et des ailes
des îles et des ailes

Cette guerre est finie
et je voudrais tant retrouver
les harmoniques de ton rire
qui font vibrer la nuit.

(Fin du deuxième entracte)

Vendredi en partance
avec des ailes empruntées
Icare-Aux-Ailes-D'acier
je crois que j'avais promis de chuter
mais je n'ai plus peur de faillir
je commence à oublier
Vendredi-L'Inconstance.

Au-dessus de la ville, vient me retrouver une fée. Belle et jeune et vive. Elle brille. Elle pétille. Elle tournoie. Et nous éclabousse tous de lumière. Elle m'emmène, m'entraine entre descente et montée. Nous fondons sur les masses. Parmi les foules, les jeux, les ivresses, nous parlons peu, rions beaucoup. Enfin perdu, enfin sans attente. Je parle un peu de toi et un peu d'elle. Et me moque de moi-même, allègrement. Une fée. C'est si rare parmi nous et si précieux. Elle offre sans calcul, sans savoir, de la joie et des couleurs. Elle est jeune, peut-être, fragile certainement, elle est légère quand elle veut, elle est solide. Je sais que je peux compter sur elle. Une fée. C'est important. Vitale comme lumière, elle accompagne mes pas et dissipe ma noirceur.

Devant les folies
solide et confiant
je triais mes doutes
Et j'ai vu ton signe
éclairer la nuit
j'ai respiré plus amplement.

Ma magicienne est arrivée
Ma magicienne est revenue
pour ressusciter Vendredi

Vendredi guéri
Vendredi-La-Magie.

(Fin de la première partie)


A suivre...2ème partie: Magie.


...