jeudi 17 novembre 2011

Nuages

I

Se dresse se redresse contenu dans sa fureur enveloppé de douceur arbre vent nuage nous revoilà entrelacés entrainés entrainants dans le mouvement dans les chuchotements de l'air et des feuilles ouverts légers solides dans toute métamorphose tempête incidence.

Flotte voyage autour de son cœur dense sans inquiétude se transformant toujours renaissant cycle et signe des cycles confiant dans les noms du ciel dans les amplitudes du vent traverse et se laisse traverser vivant porteur de vie ailé dans l'éther sans limite changeant dérivant sans dériver dans son abandon.

Comme une clarté un instant plus qu'une éclaircie une respiration et de la lumière de la lumière qui embrasse les ombres pénètre tout sans rien abîmer ton inspiration serait une asphyxie sans expiration comme un souffle lumière la vie le vent à travers mon corps d'eau et d'air mon corps temps mon corps spacieux vibrant de ciel en ciel voyageur dissipé père et mère de la pluie et des éclairs respirer inspirer expirer continuer continuer.

II

Comme des mots troublants brillants et inconnus qui viennent m'habiter et qui m'ouvrent et qui me transportent. Comme des mots parfois ton corps tissé au mien dans une inamovible et douce présence. Comme des mots ce regard qui se fait toucher qui se fait chair et qui frôle qui caresse qui embrasse la peau et malaxe les organes. Comme des mots ce manque tantôt tendre tantôt douloureux ce manque de toi cette soif cette faim de tes sécrétions de ta chair de ta voix de tes gestes. Comme des mots cet élan de la vie vers la vie. Comme des mots des mains des mots des mains confiantes tendues.

III

" Ne détourne pas les yeux. J'ai dit ne détourne pas les yeux. Regarde! Regarde bien où tu es. Où tu t'es amené. Regarde! J'ai dit regarde! Ne détourne pas les yeux. Regarde bien autour de toi et ne change pas les noms et les choses. Ne filtre pas la lumière, ne ternis pas les couleurs. Regarde! Ne détourne pas les yeux! Et sois doux pour le monde. Sois confiant dans ton regard. Rien ici ne viendra délibérément te blesser. Et rien ne va inopinément disparaître. Regarde j'ai dit regarde! Regarde ta peur puis laisse-la s'éteindre. Vis ta souffrance et laisse-la te traverser. Ne fuis pas! Ne te fuis pas! Laisse la beauté apparaître."

IV

J'avais marché jusqu'ici. Je ne me souvenais plus. Je me sens perdu et je m'en inquiète un peu. L'inquiétude passe mais revient puis passe. Je ne reconnais pas cette place. Tout cela me semble si neuf. Entre inquiétude et curiosité. C'est troublant.
Je dois réapprendre mon nom et le nom de toute chose. Je dois réapprendre la langue des airs et les mouvements de l'espace. Je crois savoir comment me mettre debout. Il faut que je réapprenne à marcher. Je sais que j'ai marché pour arriver ici. Je voudrais me souvenir des secrets qui m'ont été révélés. Je voudrais me rappeler les passes magiques, retrouver les signes caché.
Comment ai-je pu oublier?

V

Pardonnez-moi, mes chers morts je ne vous suivrai pas.
Revenez me hanter autant que vous voulez
mais je ne vous suivrai pas
j'ai esquissé des pas dans vos pas
et j'ai suivi toutes les ombres
que vous avez laissé
aujourd'hui je me détourne
et m'en retourne à mon chemin
Je ne vous suivrai pas.

VI

Je suis devenu une proie quand j'ai pensé être poursuivi.
J'ai commencé à mourir quand j'ai cru qu'on pouvait me tuer.
Terrifié j'ai couru à travers les ronces que j'ai moi-même planté.
J'ai blessé ceux que j'aime.
J'ai trompé ceux qui m'ont aimé.

Je voudrais me souvenir de ma douceur et de la bienveillance de l'univers.

Très haut, au-dessus, je vois la danse des nuages et de la lumière.
La vie perpétue la vie
et la beauté nourrit la beauté.

Je voudrais me souvenir.

Aimer!

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