lundi 5 mai 2014

La Roue du Temps




Sous un soleil sans concession
tu verras flamboyer devant tes yeux
La Roue du Temps.
Et pour toi
elle sera d'abord supplice
Elle sera la source
de toutes tes douleurs.
Elle sera la Mecque
de tous tes désirs.
Tu y verras tes fureurs
et tes folies.
Ne détourne pas les yeux de
La Roue du Temps.

Arme-toi !
Le ciel au-dessus de toi
déploie des cohortes
d'ordre et de fureur.

Arme-toi !
de vitesse
de silence
et de patience.

Et sous un soleil
sans faux-semblants
tu verras s'étendre
ton ombre
jusqu'à l'horizon.
Elle esquissera pour toi
les premiers pas de la danse
elle t'indiquera
le rythme
de l'invocation.

Et quand tu ne seras que
calme et mouvement
quand tu seras silence et abandon,
tu la verras tourner,
La Roue du Temps.

Quand tu trouveras
en toi
un calme
que tu ne peux distinguer
de la folie

Quand le chaos
du monde
sera dans ton regard
une manifestation
de la magie

Quand tu cesseras
d’entendre
l’appel entêtant
de la conquête

Quand ta musique
couvrira
la sourde rumeur
de la défaite

Tu la verras
tourner
        
elle t’emportera
         te fendras
         t’ouvrira
         te dispersera
         te tuera
         te ressuscitera
         te libèrera

Tu la verras tourner
La Roue du Temps
Tu la verras.

en toi
un nom imprononçable
une couleur innommable
en toi
une étoile une présence
une lumière une ombre
une absence un désert
en toi
une bataille un amour
un chant un paysage
un monstre un océan
en toi
un cœur vibrant
un univers permanent

Ici
Face à
La Roue du Temps.

Je laisse le monde
s’éteindre
doucement…
Quand le monde
s’éteint,
le monde surgit.

Il y a une infinité
De mondes.
Et il n’y a pas de monde.

Je laisse le monde
s’éteindre,
pour qu’à travers
mon aveuglement,
s’éveille la lumière.
Il n’y a rien
en moi.
Et il n’y a que la lumière.

...





mardi 29 avril 2014

Au-delà d'une muse


fermé un œil, ouvert un cœur. une image en moins, un sens en plus. nous revoilà provisoires, nous revoilà entrelacés. pousse toi un peu tu me caches l’écran. bien sûr aimer. évidemment. évidement. je t’aime bien sûr. mon image dans ton image dans mon image. je t’aime bien sûr. un vieux cartoon.
je tombe à travers ta peau. tu me vois. tu ris. tu me prêtes des ailes. tes profondeurs. tes abîmes. je vole. tu ris. ta joie est ma joie. ma joie est ta joie. tu ris. je vole.
démasqué, je me cache dans les vastes plis de mon errance. perds-moi ! je ne veux pas te trouver. perds-moi ! comme tu perds tes boucles d’oreilles. comme souvent tu perds tes clés. je ne veux rien trouver. démasqué, j’erre nu dans des regards qui ne me voient pas. je t’en prie ! ne me trouve pas.

ton corps nu entre moi et les promesses de la nuit. ton corps nu contre mon espoir pour le malheur. ton corps nu rempart entre ma chute et l’abîme. ton corps nu joie présente face à l’absence du bonheur. ton corps nu éclair aveuglant dans la vision obscure. ton corps nu négation sans faille de la mort vengeresse.

fatalement. une femme. le désir d’être dieu ou l’absence. tu le sais. je t’aime. mais je m’aime un peu plus. et je me connais encore trop. fatalement. une femme.

un raccourci entre deux points. la ligne folle. pour casser les machines froides. les machines molles. un raccourci entre le coin le plus obscur de mon antre et cette étoile qui brille et se voile. la ligne dure. de mes actes sans pitié. ma relative lucidité. un raccourci entre ici et ici. entre l’espace et l’endroit où je suis. je fuis. je suis. la ligne floue. celle que je dessine chaque matin. et efface au crépuscule. la nuit n’a que faire de la géométrie.

Nuages




I

Se dresse se redresse contenu dans sa fureur enveloppé de douceur arbre vent nuage nous revoilà entrelacés entrainés entrainants dans le mouvement dans les chuchotements de l'air et des feuilles ouverts légers solides dans toute métamorphose tempête incidence.

Flotte voyage autour de son cœur dense sans inquiétude se transformant toujours renaissant cycle et signe des cycles confiant dans les noms du ciel dans les amplitudes du vent traverse et se laisse traverser vivant porteur de vie ailé dans l'éther sans limite changeant dérivant sans dériver dans son abandon.

Comme une clarté un instant plus qu'une éclaircie une respiration et de la lumière de la lumière qui embrasse les ombres pénètre tout sans rien abîmer ton inspiration serait une asphyxie sans expiration comme un souffle lumière la vie le vent à travers mon corps d'eau et d'air mon corps temps mon corps spacieux vibrant de ciel en ciel voyageur dissipé père et mère de la pluie et des éclairs respirer inspirer expirer continuer continuer.

II

Comme des mots troublants brillants et inconnus qui viennent m'habiter et qui m'ouvrent et qui me transportent. Comme des mots parfois ton corps tissé au mien dans une inamovible et douce présence. Comme des mots ce regard qui se fait toucher qui se fait chair et qui frôle qui caresse qui embrasse la peau et malaxe les organes. Comme des mots ce manque tantôt tendre tantôt douloureux ce manque de toi cette soif cette faim de tes sécrétions de ta chair de ta voix de tes gestes. Comme des mots cet élan de la vie vers la vie. Comme des mots des mains des mots des mains confiantes tendues.

III

" Ne détourne pas les yeux. J'ai dit ne détourne pas les yeux. Regarde! Regarde bien où tu es. Où tu t'es amené. Regarde! J'ai dit regarde! Ne détourne pas les yeux. Regarde bien autour de toi et ne change pas les noms et les choses. Ne filtre pas la lumière, ne ternis pas les couleurs. Regarde! Ne détourne pas les yeux! Et sois doux pour le monde. Sois confiant dans ton regard. Rien ici ne viendra délibérément te blesser. Et rien ne va inopinément disparaître. Regarde j'ai dit regarde! Regarde ta peur puis laisse-la s'éteindre. Vis ta souffrance et laisse-la te traverser. Ne fuis pas! Ne te fuis pas! Laisse la beauté apparaître."

IV

J'avais marché jusqu'ici. Je ne me souvenais plus. Je me sens perdu et je m'en inquiète un peu. L'inquiétude passe mais revient puis passe. Je ne reconnais pas cette place. Tout cela me semble si neuf. Entre inquiétude et curiosité. C'est troublant.
Je dois réapprendre mon nom et le nom de toute chose. Je dois réapprendre la langue des airs et les mouvements de l'espace. Je crois savoir comment me mettre debout. Il faut que je réapprenne à marcher. Je sais que j'ai marché pour arriver ici. Je voudrais me souvenir des secrets qui m'ont été révélés. Je voudrais me rappeler les passes magiques, retrouver les signes cachés.
Comment ai-je pu oublier?

V

Pardonnez-moi, mes chers morts je ne vous suivrai pas.
Revenez me hanter autant que vous voulez
mais je ne vous suivrai pas
j'ai esquissé des pas dans vos pas
et j'ai suivi toutes les ombres
que vous avez laissé
aujourd'hui je me détourne
et m'en retourne à mon chemin
Je ne vous suivrai pas.

VI

Je suis devenu une proie quand j'ai pensé être poursuivi.
J'ai commencé à mourir quand j'ai cru qu'on pouvait me tuer.
Terrifié j'ai couru à travers les ronces que j'ai moi-même planté.

Je voudrais me souvenir de la douceur et de la bienveillance de l'univers.

Très haut, au-dessus, je vois la danse des nuages et de la lumière.
La vie perpétue la vie
et la beauté nourrit la beauté.


...



mercredi 16 avril 2014

Une Prière




...
 
Tu sais que j’ai tremblé, comme tu as tremblé. Et je sais que tu as ri comme j’ai ri. Nos larmes se sont mêlées à nos rires et nos rires à nos larmes. Nos peaux à nos désirs et nos désirs à cette lumière qui nous enveloppait, nous dispersait, nous rattrapait et nous réunissait encore. Dans ce temps volé au temps, cet espace créé pour nous par le monde qui se retire, je t’ai trouvée. Je t’ai trouvée nageant à mes côtés dans cet océan vivant. Tout scintillait dans ces eaux limpides qui nous accueillaient. Et tu m’accueillais. En toi. Je respirais le battement de ton cœur, je voyais la douceur de ta peau, je m’abreuvais de ton souffle et dansait au rythme de tes râles. En toi. La lumière éclatait révélant un intérieur à la lumière. La lumière inventait la couleur et la changeait. En toi. Nous étions un. Nous étions l’envol et le plaisir. En toi. J’étais pris par la joie et la panique. « Ne jamais revenir. Jamais. Ne jamais revenir de nulle part et vers nulle part. » Nous étions l’orgasme infini. Nous étions la porte de l’univers.
Je sais que tu as vibré quand j’ai vibré. Et tu sais que j’ai joui quand tu as joui. Mon corps s’est mêlé à ton corps et nos corps à l’essence de cet univers qui nous a réunis. Nous devenons cet animal divin, qui traverse le vide d’un bond et qui ne connais aucune séparation. Tes yeux dans mes yeux dans tes yeux, je vois enfin. Je vois ce monde ouvert et indestructible. Je vois notre monde. Notre temps étalé espace. Je vois mon avenir et le tien. Je vois ton passé et le mien. Je vois toutes nos rencontres et toutes nos séparations. Cette mélancolie n’est que de la joie, déguisée. Ces larmes ne sont que nos rires, liquéfiés. Ton sexe enveloppe mon sexe, encore plus près. Ma peau embrasse ta peau déployée. Je tremble comme je te sens trembler. Nous revoilà unis, indifférenciés. Pour un instant habillé d'éternité. La seule prière.

...
 

dimanche 2 mars 2014

Nomade


 
J'habite les recoins où tu n'oseras jamais regarder.
J'habite le sang entre les coups de sabre et le champ de bataille.
J'habite le rythme entre les pas et la marche.
J'habite la sécheresse entre les gouttes de l'averse.
J'habite l'accélération au cœur de tout ce qui est immobile.
J'habite l'espace inaccompli entre ton lit et ta chambre.
J'habite le souffle entre tes mots et tes lèvres.

Tout est neuf.
Et rien n'a changé.

Nomade.


J’habite le vide qui unit les mondes.
J’habite un serpent entre la morsure et le venin.
J’habite les instants qui dévorent les secondes.
J’habite le rail entre le voyage et le train.

Envoie tes polices. Envoie tes armées.
J’irai là où porte mon regard.
Je deviendrai le paysage qui traverse tout
Et par tout est traversé.

Erige tes murs et plante tes frontières.
J’irai là où porte mon regard.
Je deviendrai nuage portant le ciel
Et par le ciel emporté.

Envoie ton dieu, ses enfants et ses valets.
J’irai là où porte mon regard.
Je deviendrai silence pour déchirer
La pensée de ceux qui ont arrêté de penser.

Envoie tes vestales et tes putes sacrées.
J’irai là où porte mon regard.
Je deviendrai la tentation pour être tenté
Et par les désirs, arraché.


Nomade.

Tout est neuf et rien n'a changé.


J’habite l’enclume entre la forge et le bouclier.
J’habite le bœuf entre le paysan et la prospérité.
J’habite le levain entre le pain et le boulanger.
J’habite le geste entre la solitude et la beauté.

Je te donne tout cela. Je te donne tout ce que ton regard peut embrasser. Je te donne la terre, la mer, les monts, les vallées. Je te donne le ciel, les nuages, les astres, le jour, la nuit. Je te donne tout ce qui est à moi et que je ne possède pas. Je te donne tout ce qui te revient de droit. Je te donne ce qui est à toi. Je te donne cet univers auquel tu appartiens. Je te donne le rêve, l’envol et l’esprit. Je te donne la joie, l’amour, la vie. Je te donne l’origine, ta fin et tes débuts. Je te donne ton corps, tes désirs et ta liberté. Je te donne la parole, tes mensonges et ta vérité. Je te donne tes peurs, tes blessures et ta solitude. Je te donne ton ivresse, ta responsabilité et ta finitude.

Nomade.

Tout est neuf et rien n'a changé.

J’habite la saveur entre l’épice et le goût.
J’habite les armes entre la souffrance et la révolution.
J’habite la tension entre la flèche et la cible.
J’habite la noyade entre le crime et la rédemption.

J’ai entendu une voix qui roulait sur le versant obscur de la montagne. J’ai entendu une voix qui disait : «  Tu lâcheras tout. Tu abandonneras tout. Tu verras tout se dissoudre dans la lumière. Tu verras la fin avant qu’elle ne s’abatte et tu sentiras l’aube avant qu’elle ne surgisse. Tu mourras à l’heure prévue. Mais tu renaîtras contre toute attente. Tu renaîtras vide. Tu renaîtras autre. Tu renaîtras sans limites. Après avoir connu la peur, tu connaitras la joie. Et tu seras sans désirs. Tu seras sans rêves. Tu seras sans mensonges, sans reflets, sans possessions. Tu seras sans histoire, sans futur, sans passé. Tu seras sans couleur, sans haine, sans poids. Sans allégeance, sans défiance, sans attachements. Sans espoir, sans chemin, sans ornements. Tu seras sans doutes, sans forme, sans hésitation. »

Nomade.      

Tout est neuf et rien n'a changé.

Il y a quelque part
Une flamme qui ne s’éteint pas
Une eau qui ne s’écoule pas
Un air qui ne se mélange pas.

Il y a
Un cœur qui ne bat pas
Un œil qui ne voit pas
Une oreille qui n’entend pas.

Le monde est immense.

Il y a quelque part
Une obscurité faite de lumière
Une plénitude faite de vide
Une musique faite de silence.

Il y a dans ce monde
Une beauté nimbée de mystère
Des êtres qui diffusent la magie
Il y a
Des dieux qui n’écoutent aucune prière
L’implacable élan de la vie.

Le monde est immense.

Il y a quelque part
Un rêve dont on ne se réveille pas
Un pays dont on ne revient pas
Une chute au bout de laquelle on ne s’écrase pas.

Il y a quelque part
Des arbres qui savent marcher
Des animaux qui savent parler
Des hommes qui savent rêver
Des femmes qui savent voler.

Croyez-moi
Le monde est immense.


J’habite la mesure entre la voix et l’écho.
J’habite la musique entre la corde et le silence
J’habite la sueur entre le désir et la peau
J’habite les râles entre le plaisir et la jouissance.
                                             

Nomade.      

Tout est neuf et rien n'a changé.

Dévoile ! Des voiles et des voiles.
à perte de vue,
jusqu’à l’horizon.

Des voiles en partance
emplies de fougue,
d’audace et de vent.

Des voiles et des voiles et des voiles.
blanches, légères et arrondies.

Des voiles enceintes
d’ailleurs,
tendues vers les lointains.

Dévoile ! Des voiles et des voiles
qui m’emmènent,
me dénomment
et m’offrent
au bord abyssal du temps.

Des voiles ! Dévoile !
dévoile ta douce peau terrestre,
dévoile pour moi ton corps voyage,
ton corps chemin,
sillage d’un univers
arraché.

Dévoile ! Des voiles ! Des voiles !
tes orgasmes et tes tremblements,
tes râles et tes chuchotements
et l’envol qui me vide
m’emplissant,
la chute qui me nomme
m’abolissant,
et je ne suis plus que
cet humble espace,
qui dans les voiles ventrues,
accueille le mystère du vent.

J’habite le papillon entre le rêve et les battements d’ailes.
J’habite la foudre entre la flamme et l’étincelle.
J’habite l’angle mort entre l’œil et la vision.
J’habite l’éternité entre inspiration et expiration.


Nomade.      

Tout est neuf et rien n'a changé.


Il y a dans la vie des instants magiques où il n’y a rien. Tu emballes ce qu’il te reste d’affaires. Tu ranges tes livres dans des cartons. Tu mets tes vêtements dans des sacs qui ne te ressemblent pas. Et tu regardes calmement l’espace s’écrouler. Il n’y a rien. Tu n’as plus aucun moyen de te définir. Il n’y a plus un lieu au monde que tu puisses nommer. Enfin. Il n’y a rien. Il y a dans la vie des instants où il n’y a rien. Tu laisses partir l’être aimé et tu regardes son dos tremblant se fondre dans le paysage. Tu cherches tes souvenirs mais rien ne te vient. Ton cœur s’effiloche hors de ta propre tristesse. Et tu observes calmement ton éternelle solitude. Il n’y a rien. Il n’y a plus de refuge, plus de lest, plus de mots pour te rassurer. Enfin. Il n’y a rien. Il y a dans la vie des instants magiques où il n’y a rien. Tu cherches du regard la côte du pays que tu viens de quitter mais la mer t’a déjà enveloppé de sa brume. Tu voudrais saluer ceux que tu as laissés sur le rivage mais tes gestes ne peuvent remonter le temps et ton avenir n’a pas encore de visage. Et tu tournes calmement tes yeux vers le temps qui vient. Il n’y a rien. Plus aucun bateau ne pourrait te ramener. Tu seras libre, à jamais étranger. Enfin. Il n’y a rien.


J’habite l’aveuglement entre le reflet et la lumière.
J’habite l’homme entre le dieu et la prière.
J’habite le verbe entre la parole et la poésie.
J’habite l’incroyant entre le prophète et l’hérésie.

Nomade.      

Tout est neuf et rien n'a changé.


Il est temps de mourir ici et laisser s’éteindre les espaces. Il est temps de mourir pour commencer. Penser la limite de la pensée et nu, voir le monde nu. Il est temps de mourir ici et retrouver un temps sans direction. Laisser les formes se suicider dans leurs masses inutiles. Il est temps de mourir ici et libérer la vie. Rompre toutes les attaches pour naviguer les flux de l’immense. Il est temps de devenir aile et rire et joie et poussière. Il est temps de se souvenir de soi, de la terre et de l’oubli. Il est temps de s’éveiller danse, lumière et furie. Il est temps de chevaucher les dunes. Il est temps d’embrasser le vent. Il est temps de tutoyer les étoiles.

Intact. Arriver entier et repartir entier. Uni à un monde entier avant soi et entier après soi. Intacte ! La terre que tu quittes. Intacte ! La nature que tu trouves. Intact ! Le cœur que tu emportes. L’amour que tu laisses. L'amour que tu reprends.


Nomade.      

Tout est neuf et rien n'a changé.