lundi 10 janvier 2011

Perdus pour toute éternité

Un autre jour, une autre vie, un autre monde. La fureur retenue de ce qui ne sera pas. Ces gestes suspendus, ces mots ravalés si près des lèvres. Et même si tout se répète et recommence, phénix renaissant de mes cendres, pour venir brûler ce cœur qui meurt toujours et continuellement repousse, oublieux de toutes mes blessures et de toutes mes peines, niant les larmes que j'ai versées et que cet océan sauvage n'a cessé d'engloutir, de noyer, de perdre dans le labyrinthe de son éternité.
Toi, comme rêve. Toi, mon oubli, mon horizon. Quelques instants arrachés aux lignes dures, aux destins clos. Quelques instants, pour que rien ne soit pareil, ni avant, ni après. Pour que tout brille, feu et brûlure et chaleur et refuge dans le regard menaçant des tempêtes que nous sommes.

Ne crains rien
ma rêvée
Ici tout remue
en toute solidité
Pleurer peut-être, et alors?
Oui, pleurer.
Et voir à travers les larmes
ce qui est
et ce qui a toujours été

Ne crains rien
bienveillante hallucinée
tes ailes déployées
m'ont rappelé
la rumeur du vent
mon nom caché
et deux ou trois secrets
Pleurer peut-être, et alors?
Oui et chanter
et entendre dans nos voix
une indestructible beauté.

Ne crains rien 
mon adorée

Un autre temps, une autre rue, une autre ville. Je serais peut-être à l'heure. Et j'attendrai sous la pluie ivre de décembre, ta silhouette et la lumière dansant dans ton regard. Mon cœur sursautera à ta vue et ton sourire arrachera de mon attente le temps, la rue et la ville pour me plonger dans une joie sans souvenir...Mais j'oublie. Heure après heure, nuit après nuit, j'oublie. Et dans mon ivresse se mélangent les bruits et les couleurs, les plaisirs et les douleurs, avant que tout ne s'éteigne, silence et obscurité.

Mais qu'avons nous à craindre du silence? Toi et moi sommes musique.
Qu'avons nous à craindre de l'obscurité? Nous sommes lumière.
...
Je t'ai vue
ne mens pas, je t'ai vue
je ne mens pas je t'ai vue
peut-être un instant
un instant comme un éclair
je t'ai vue
sans masques 
sans armes
sans apparat
et j'étais sans défense
brûlant sur le bûcher
Hérétique
je me savais condamné
et pour rien au monde
je ne voulais être sauvé.

Alors, alors...
alors laisse-moi, lâche-moi! 
J'ai droit à un dernier repas, 
à un dernier baiser, 
à un dernier mensonge, 
à une dernière violence.
Aux condamnés on pardonne
on pardonne la folie
on pardonne l'arrogance
...

Je me réveillerai. Je me réveillerai tombant du nid ravagé de ton absence. Je me réveillerai chute et chant pour la ruine. Je me réveillerai ami du vertige, embrassant l'abîme. Je me réveillerai étincelle dans la trahison de l'air. Contre moi crépitera l'empreinte de ta peau. La chaleur de tes lèvres hantera mon souffle. Mon cœur se brisera, déchirera ma chair, retiendra mon esprit dans sa douleur. Me dispersera, me cassera mille fois et mille-et-une fois me construira et se déploiera divisé et en moi et au-delà de moi. Mon cœur se déploiera ailes flambantes, dessinées avec tes couleurs, contre le ciel obsédant de nos espoirs et de nos annihilations. Je me réveillerai. Je volerai. Je saurais une part de ton secret. Et un jour je reviendrai me poser à ta fenêtre, contempler ta nudité, voler un de tes gestes cachés. Je reviendrai. Je volerai. Je rêverai. Si haut. Si haut. Les dieux me foudroieront peut-être. Mais s'ils m'acceptent dans leur olympe, je créerai un autre jour, une autre vie, un autre monde. Rien que pour toi et moi et le retour sans fin de ces instants qui nous unissent. Je créerai ce même moment encore et encore et autrement. Nous y serons seuls et intacts. Nous y serons libres et vrais. Nous serons flammes et douceur et désir et violence et délire. Nous serons chant et danse et présence et folie et ivresse. Nous serons toi et moi tels que nous sommes, voyants aveugles enlacés éthérés amants unis disparus divinisés perdus perdus pour toute éternité.



3 commentaires:

  1. je te l'ai déjà dit mais je vois de ces images dans tes textes! magnifiques, c'est ce qui les rend à mon avis si puissants!

    Marianne.

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  2. des images en naufrages, ton creuset ne les prend pas
    serait-ce toi
    ou moi,
    indéfectibles abimes
    phares d'amont
    ou d'aval
    ou moi, tel l'amer qui rappelle
    planté sur sa roche obscène ouvert aux vents
    couronnée aux épines, ne tombe pas derviche
    ma belle âme

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  3. si j'avais su qu'il y fallait ton approbation.
    de Toi à moi

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