mardi 18 janvier 2011

Sans bords

D'abord, suspendons toute attente. Nous ne serons pas libérés. Laisse tomber ta robe, tes masques et tes vérités. Nous ne serons jamais sauvés. D'abord, un regard aveugle. Un regard qui est plus qu'un regard et qui, pour un moment, abolit le monde et la vision du monde. Te voir. Te voir apparaître, pour que tout s'éclipse et renaisse paré d'une nouvelle acuité. Comme par accident, comme par hasard, se frôler. Se toucher. Comme par accident. Et rien. Rien. Rien ne suffit. Cette soif inextinguible. Cette faim insatiable. Des promesses animales. Corps libres incarnés dans l'esprit vif des flammes. Esprits possédés par l'ivresse de la chair. Ce tremblement. Une folie cannibale. Nous voilà carnivores. Nous voilà fauves, acharnés sur nos peaux.Au bûcher des baisers nous cherchons la parole. Violence et douceur et violence et douceur. S'échappent de nous la promesse, la justesse des mots et l'inconscience. Ici, ma peau finit et commence ma conquête, comme une terre, un trésor, un ailleurs que je désire, que je convoite.

Montre moi
montre toi
montre-moi la bête en toi
et mords-moi là et là
là où je te dirais
là où je voudrais
là où je n'ai jamais rêvé
être mordu par toi

Et tremble pour moi
contre moi
avec moi
tremble dans la joie
dans la perte
et dans la fureur
que tout vacille
et disparaisse
me laissant
tout à ma chute
en toi
te laissant
toute à ton envol
avec moi
en douceur
et violemment
violemment

violemment rêve
rêve de qui tu veux comme tu veux si tu veux
fuis aussi loin que tu peux
tu n'échapperas pas à cette étreinte
parce que tu ne veux pas t'échapper
ton corps est ici et dans un moment j'attraperai ton esprit
et tu resteras là entière dans mes bras
avant que la transe ne t'emmène
et ne te jette sur les rivages immaculés de l'être.

Ici. Ici, le monde commence et s'achève. Ne cherche pas ton centre en toi. Tu ne le trouveras pas. Ici, nous sommes sans bords. Ici, nous sommes cernés. Ici, tout commence et tout est achevé.

viens
viens maintenant
viens ma belle mon aimée
ma fin ma destinée
Quelque chose ici est ébranlé
Quelque chose a cessé de résister
des arbres des ailes
de l'eau des chances
du feu des pieds
un cœur  du rêve
des caresses un rocher
nous voilà encore perdus
pour nous retrouver

il n'y a pas d'issue
je te l'avais dit
il n'y aura pas de fuite
ni de refuge
pas de sauvetage in-extremis
pas de réveil instantané
tu rêves je te rêve
et nous dérivons
nous dérivons

Tremblants dans ce corps à corps
Tremblants dans l'ivresse de nos sens accordés
ici ici ici
nait un monde
ou se perpétue
à travers nous
et nous sommes cernés
et sans bords
imparfaitement dissous
mais constants
tu m'as tu m'as tu m'as
manqué
et nous revoilà entiers
Fondus Enchainés

Au pied du mur
Au pied du lit
sont abandonnés pêle-mêle
un drapeau une roue de secours
un préservatif usagé un masque un pistolet à eau
des ailes de papillon une armure 200 grammes de plomb
un soldat en acier un jeu de cartes avec un as en moins
un nez de clown des chaussettes dépareillées un cheval
caparaçonné un alligator édenté un cuirassé l'avant dernière vérité
une part de ma violence un pan de ta science

et nous voilà réunis
cernés et sans bords

Ton corps un pays
qui nourrit ma révolte
une terre où je m'enracine
pour pouvoir m'élever
un ciel où mes ailes
ont accepté de se déployer.

Emporte-moi! Déchire-moi! Déploie-moi!
Que je frôle tes horizons!
Parle, je ne te croirais pas
Hurle, je douterais de toi
Griffe ma peau jusqu'au sang
Laisse-moi tirer sur tes cheveux
t'étrangler te secouer
Sombre dans ton abandon
et emmène moi jusqu'au soleil brisé
de mon extinction.

Et tais-toi. Je t'en prie, tais-toi!


..

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