mardi 25 janvier 2011

Sorcier: lundi

Quand vous avez inventé la mort
je dormais dans les bras tremblants
d'une autre ou d'une autre ou d'une
autre jeune destinée.
Quand vous avez inventé la mort
il se fit dans le chant un long
long long silence et quelques notes
ont appris à hurler.

Ha! Rhaa! Boum! Tout tremble! Tout. Évidemment. Fatalement. Inévitablement. Ailleurs, ça parle, ça s'étale, se répand et dégouline, visqueux et un peu dégoûtant. Mais ici ça tremble. Ici, ça se retient. Et tremble. Élégamment. Sans peur. Sans envie. Désespérément. 

Quelqu'un, quelque chose, un truc me rappelle qu'on est lundi. Mais lundi n'existe pas. Parce que je n'existe pas lundi. Ouf! Libéré! Je flotte ivre-mort de ton absence. Parlant à tort. Marchant de travers. Silencieux sans vergogne. Et peu m'importe. Lundi et moi, nous n'existons pas. Parce que mon cœur un samedi. Ma tête dimanche. 

Ils ont inventé la mort. Et je me suis réveillé à l'heure de la marée haute. Ma sirène est partie vaquer à ses rêves marins, à ses obligations aqueuses. Un homme, une femme, un mammifère, une chose s'est avancée dans mon soleil, sur mon sable, ma plage pour me donner des leçons sur la vie, sur agir, sur être digne, sur la couleur du ciel. Il. Elle. C'était peut-être convainquant. Mais j'ai oublié, je n'ai pas fait attention. Ça m'ennuyait probablement. Vu que je rêvais d'une femme. Je rêvais. Une femme. Et sa beauté n'appelait aucune réponse. Les éléments, même captifs, en sa présence acquéraient une éternelle vérité. Voir la pluie tomber. Voir le feu naître. Voir l'air vibrer. Ça suffisait. Ça me suffisait. J'ai probablement raté des choses importantes. Mais c'est lundi. Lundi, je n'existe pas. Ha!

J'ai erré. Et la ville calme a voyagé, métamorphosée par les rêves que je te dédiais. J'ai retrouvé par-ci par-là des camarades que j'ai oublié. J'ai charmé des filles sans intérêt. Sans conviction, j'ai refait le monde avec des gens qui m'ennuyaient. Trop tôt, Whisky-Ville a ouvert pour moi ses portes. Et ses lumières m'ont hébété. Une nordique pimpante et plastique a dit oui à mes avances. Je crois que j'ai perdu connaissance. Ça doit être ça. Sûrement. Puisque je suis revenu à moi, quelques heures plus tard, debout, seul, dans ta rue. Toute la ville m'est revenue et m'a enveloppé de son hiver gris. Et tout en moi s'élançait vers tes fenêtres. Avide de toi. Et je me retenais. Je me retenais. Et encore une fois, j'ai perdu consistance. Encore une fois. Sans consistance. Sans centre. Sans espérance. Peut-être des ailes. Peut-être du vent. Ce souffle froid quand on ouvre la porte. Me voici évadé. Un souvenir de toi. Quelques fragments de mon passé. Et une respiration, datant de quelques années, prise sans calcul sur une plage exotique. M'arrachent à tout ce que d'autres ont cru que j'étais. Détruisant en moi toute certitude et tout relent nauséabond d'une quelconque vérité. On est lundi. Sans exister. Je crois que j'ai tout oublié. Maintenant je peux être un spectre pour vous hanter. Je peux être tout ce que vous ne voudrez pas. Et sans remords je m'en moque. C'est lundi. Même pas besoin d'exister.

...

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